Ces plastiques que l’on jette à la mer
Produit de l’activité humaine, le plastique est un matériau incontournable de notre quotidien. Nous en produisons chaque année 100 millions de tonnes. Cette profusion devient problématique.
En 1492, Christophe Colomb découvrait l'Amérique. Cinq cents ans plus tard, le capitaine Charles Moore se retrouve par hasard au beau milieu d'un nouveau continent flottant dans l'océan Pacifique. Des « terres » sur lesquelles il est impossible d'accoster et de se promener. Mais qui en aurait envie ? Car il s'agit bien d'une gigantesque accumulation de déchets plastiques !
En 2007, une nouvelle expédition confirme la découverte : située à 1.000 kilomètres au large de San Francisco, sur une superficie de près de six fois celle de la France, cet amas de détritus est constitué d'environ 750.000 morceaux de plastique par kilomètre carré. Baptisée « Grande plaque de déchets du Pacifique », cette zone concentre des milliards de débris de toutes tailles sur une épaisseur de 10 à 30 mètres : une soupe bien peu ragoûtante !
Tous les océans contaminés ?
Depuis 50 ans, ces déchets plastiques ont été fragmentés par les vagues, puis piégés par les courants marins, avant de s'accumuler dans cette région sous l'effet de ce que l'on appelle le « Tourbillon du Pacifique nord ».
Or, les cinq océans de la planète présentent de telles zones tourbillonnaires. Et les mauvaises surprises s'enchaînent : en février 2010, la Sea Education Association révèle l'existence d'une plaque de déchets similaire dans l'océan Atlantique. Couvrant une surface équivalente à la France et l'Angleterre réunies, elle est épaisse d'une dizaine de mètres.
En juillet 2010, l'expédition MED (Méditerranée en danger) réalise une série de prélèvements dans la couche supérieure de la mer Méditerranée. Les premières estimations sont confirmées par l'IFREMER : les quinze premiers centimètres de cette mer contiendraient des centaines, sinon des milliers de tonnes de plastique. Visible en surface, cette pollution est également un problème de « fond » ( voir Repères).
Un impact sur la vie
Dernière découverte en date : en janvier 2011, la fondation de Charles Moore (Algalita) récolte plusieurs dizaines de milliers de morceaux de plastique par kilomètre carré dans l'océan Antarctique !
Premier maillon de la chaîne alimentaire en milieu marin, le plancton nourrit les plus petits organismes, qui seront mangés à leur tour par les plus gros. Ces derniers peuvent éventuellement finir dans nos assiettes. Mais d'après la fondation Algalita, on trouve en moyenne six fois plus de plastique que de plancton sur ces « nouveaux continents » ! Pour le monde animal, difficile de faire la différence. Aussi estime-t-on qu'au moins un tiers des poissons de ces eaux ingère massivement des particules plastiques, sans compter les dizaines de milliers d'oiseaux marins qui périssent chaque année, l'estomac rempli de ces matériaux indigestes.
Au regard de ce bilan épouvantable, la seule option consistant à nettoyer les océans semble irréaliste. Malgré tout, depuis 2009, le projet américain « Kaisei » rassemble des équipes de scientifiques, de marins et de passionnés de l'océan autour d'un objectif commun : trouver le moyen de récupérer les plastiques flottants et d'en assurer le recyclage. Ce pourrait même être une source de carburant…
En espérant que ce ne soit pas encore une nouvelle bouteille (de plastique) jetée à la mer.
L'équipe scientifique de VulcaniaLa Montagne Centre France,Magdimanche 27/11/11